A la découverte de la nouvelle exposition «Ramsès et l’or des pharaons»: une «exposition incroyable»

La plus grande exposition jamais organisée sur le plus grand des pharaons a lieu jusqu’au 6 septembre 2023 à la Grande Halle de La Villette, à Paris. « Ramsès et l’or des pharaons » ambitionne d’attirer plus d’un million de visiteurs et de devenir l’exposition du XXIe siècle. Dans une scénographie immersive, le public peut admirer 180 trésors d’une valeur inestimable, dont certains sortent pour la première fois d’Égypte, comme le sarcophage du plus grand de tous les pharaons, Ramsès II, exclusivement exposé en France.

Ramsès et l’or des pharaons, exposition hors norme, tournera dans le monde entier et s’inscrit dans une véritable offensive culturelle de l’Égypte sur plusieurs fronts. Le pays arabe a annoncé sa candidature pour le poste du secrétaire général de l’Unesco en 2025, réclame de façon offensive la restitution du Zodiaque de Dendérah au Louvre, le buste de Néferteti au Neues Museum de Berlin et la Pierre de Rosette au British Museum de Londres. Et puis, il y a l’ouverture très attendue fin 2023 du Grand Musée égyptien au pied des pyramides de Gizeh. Entretien avec l’égyptologue Bénédicte Lhoyer, conseillère scientifique de l’exposition « Ramsès et l’or des pharaons ».

RFI : L’Égypte antique était convaincue que l’or procure des pouvoirs magiques. Ramsès et l’or des pharaons, avec ses statues, sarcophages, momies d’animaux, bijoux, est-ce une exposition magique ?

Bénédicte Lhoyer : Pour l’Égyptien, prononcer le nom fait vivre ! Et quand on a un trésor absolument incroyable avec soi, on peut traverser l’éternité. Cette exposition est incroyable, parce qu’on a réussi à réunir des objets qui, parfois, n’étaient jamais sortis d’Égypte. Des objets qui racontent Ramsès II, mais qui racontent aussi sa légende. Et comment Ramsès a réussi à traverser les millénaires jusqu’à nous en n’étant jamais oublié. C’est l’un des seuls mortels, l’un des seuls rois de cette planète, à avoir réussi cette chose incroyable.

Parmi les centaines de milliers visiteurs attendus, il y aura certainement des personnes pour qui cette exposition sera une véritable révélation. Quelle œuvre égyptienne vous a tellement émue qui a déclenché chez vous l’envie de devenir égyptologue ?

En fait, au départ, j’ai commencé surtout avec les Grecs anciens, quand j’étais toute petite, j’avais entre 6 et 8 ans. Puis, les Grecs n’arrêtaient pas de parler des Égyptiens… Je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de plus vieux que les Grecs. L’un des premiers objets que j’ai pu voir, c’était à travers les livres que j’avais à l’époque, c’était une des parois d’une des tombes de Néfertari. De voir cette magnifique jeune femme, avec ses longs cheveux noirs, avec cette robe quasiment transparente, en train d’être conduite par des divinités à tête d’animaux… Je me rappelle cette espèce de choc en me disant : c’est très bizarre, et pourtant, je comprends, c’est beau, cela raconte des choses. C’est ça qui m’a fait basculer du côté des Égyptiens. Et je n’en suis jamais ressortie…

Ramsès est la figure mythique de l’Égypte antique, célèbre pour son règne d’une exceptionnelle longévité, 66 ans, sa dizaine d’épouses et une centaine d’enfants, et la construction de centaines de palais et édifices. La statue iconique du jeune Ramsès incarne-t-elle le début de cette incroyable aventure pharaonique que le parcours nous invite à vivre ?

Vous avez ici un fragment d’une statue qui représente Ramsès II. C’est une image idéalisée du jeune pharaon. Il ressemble un peu à son père. Mais, c’est le visage de Ramsès, un visage jeune, très arrondi, des yeux qui remontent légèrement sur les tempes. Ce nez, c’est la partie la plus sensible des statues, est malheureusement un peu cassé, mais il était bien busqué. C’est un nez bien fort. Et vous avez cette petite bouche, avec ces lèvres charnues qui vous sourient très légèrement. Il porte un grand collier large, le diadème royal paré d’un uraeus, représentant la déesse protectrice Ouadjet. Ce vêtement très plissé dans tous les sens est aussi un signe qu’on retrouve à l’époque de Ramsès II. Ils aiment bien les choses bien plissées et très riches. Et il tient un sceptre, héqa, dans la main, avec le hiéroglyphe pour gouverner, le symbole de sa puissance royale. Et il a un très beau bracelet manchette avec cet œil que, généralement, les gens connaissent très bien : l’œil de jade qui veut dire « neuf », « intact », « intègre ».

Pendant l’exposition, les fouilles archéologiques et les recherches sur l’époque des pharaons continuent. Qu’est-ce qui a changé ces dernières années le plus par rapport à la perception de Ramsès ?

Ramsès, c’est l’un des règnes les plus compliqués, parce qu’on essaie toujours de trouver de nouvelles choses. C’est l’un des règnes qu’on connaît le mieux. Nous avons énormément de monuments et énormément de textes. Mais la recherche continue. On cherche encore désespérément d’autres membres de sa famille. On travaille beaucoup sur l’un de ses fils, le quatrième fils, le prince Khâemouaset, qui a été très actif du côté de Sakkarah. (…) Mais tout le travail reste encore à faire. L’égyptologie a 200 ans, c’est-à-dire que nous sommes encore « pionniers », il y a encore un travail phénoménal.

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